Am Donnerstag, den 24. September 2020, wird der Austausch zwischen den beiden ab 16:30 Uhr (mitteleuropäische Zeit) in einem Videogespräch fortgesetzt.
Weitere Informationen gibt es auf festival-fil.qc.ca.
Berlin, le 12 août 2020
Allô David,
Je suis très contente d’échanger des lettres à travers l’Atlantique avec toi dans le cadre des « Regards croisés » du FIL 2020. Mais comment s’y lancer? J’entends des mots de ton personnage, Jean-Paul, qui dit « […] faut le faire sans hésiter, juste foncer. » Alors je fonce.
Nous nous sommes d’abord connus en tant que lectrice et auteur. Est-ce que tu te souviens de l’entrevue qu’on a fait à Montréal le jour de la Saint-Jean? J’étais pas mal nerveuse de te rencontrer ce jour-là.
À l’époque, je n’aurais jamais pensé que nous allions garder le contact et encore moins, que je traduirais un de tes textes un jour. En tant que lectrice passionnée depuis toujours, et de la littérature québécoise depuis 2010, j’avais dévoré La Bête à sa mère et ses suites. C’était l’histoire, oui, et son personnage polarisant, bien sûr, qui m’avaient intéressée, mais c’était surtout la langue qui m’avait impressionnée. Elle est tellement rythmée et riche. J’adore comment les choses sont exprimées et comment les tournures qu’on pense connaître sont détournées. Tiens-tu une liste avec ces phrases-là? Moi, je note depuis des années des mots québécois et leurs traductions, des expressions et citations dans des calepins. Ils me servent aujourd’hui quand je traduis. Sais-tu que c’est à cause de La Bête à sa mère que j’ai commencé à traduire? J’avais tellement un gros coup de cœur pour ce roman que j’en ai parlé à des gens autour de moi, et un jour, j’étais trop curieuse et impatiente de voir comment pourrait sonner l’histoire en allemand que j’ai ouvert une page blanche sur mon ordi, posé le livre juste à côté et que j’ai commencé à le traduire. Mes seules expériences en traduction à ce moment-là étaient quelques cours à l’université, l’année où j’ai vécu au Québec à remplir des calepins et des soirées littéraires en allemand et français que j’animais. Est-ce que tu te rappelles de ton premier projet de livre?
Traduire les premières phrases de ton roman était un plaisir et j’ai su assez vite que c’était définitivement quelque chose que je voulais continuer de faire. Et nous voilà en 2020 où sort l’anthologie bilingue avec ta nouvelle « Bien parti pour mal finir » que j’ai traduite. Quel beau cheminement!
J’espère que cette lettre te trouve bien et en santé à Sherbrooke.
Viele Grüße aus dem heißen Berlin 🙂
Jennifer
Nous interrompons l’échange ici pour vous recommander deux recueils de nouvelles dans lequels figure la nouvelle mentionnée « Bien parti pour mal finir » :
Ponts, un collectif sous la direction de Chrystine Brouillet publié chez Druide
Pareils, mais différents – Genauso, nur anders, une anthologie bilingue de textes littéraires québécois et franco-canadiens publiée chez dtv
Sherbrooke, le 18 août 2020
Chère Jennifer,
Grand plaisir de te lire, de te retrouver; j’entends ta voix, ton sourire espiègle, entre les mots.
Bien sûr, je me souviens de notre première rencontre, au coin des rues Ontario et Saint-Denis, avant un spectacle où je devais partager la scène avec Sans Pression et mon ami Manu Militari. Grand écart intéressant, d’ailleurs, passer d’une discussion sur la création littéraire à un spectacle de rap. Que cette première discussion ait eu lieu un soir de Fête nationale place notre relation sous de bons augures.
En revanche, je ne savais pas que mon premier roman était responsable de ta vocation de traductrice. C’est un honneur. Même si plusieurs s’entendent pour dire que « traduire, c’est trahir », je sais mes personnages entre bonnes mains avec toi. Surtout, je dois te faire confiance, mes connaissances en allemand sont rudimentaires. Tu pourrais ajouter un dragon et sacrifier quelques chapitres, je n’en saurais rien. Ne fais pas ça!
La traduction anglaise de Bookhug m’a plu, même si le roman perd en densité; on rédige les mêmes idées en moins de mots, lorsque l’on passe du français à l’anglais. Juliet Sutcliffe a fait un excellent travail de traduction, se permettant de valider avec moi certains passages, dénichant des références de remplacement appropriées. Elle a si bien œuvré que mon père, à la lecture de Mama’s boy, s’est permis d’affirmer: « C’est comme le rock n’roll, ça sonne encore mieux en anglais! » Évidemment, je ne suis pas d’accord avec lui.
On a aussi voulu traduire ce roman en français de France, où il est publié aux Éditions Philippe Rey et chez 10-18. J’ai refusé, le français du Québec n’est pas un dialecte exotique, les Européens peuvent s’y retrouver avec un minimum d’efforts. J’ai tout de même consenti à l’ajout d’un lexique de quelques pages, à la toute fin du bouquin.
Oui, je me souviens de mon projet de livre initial, Premiers soins, un recueil de poésie. Recevoir ce livre, le sentir, y lire mes vers, ce fut un moment fondateur pour moi, une confirmation; l’écriture est au cœur de mes envies. Ce premier livre est justement en processus de traduction au Mexique. J’apprends l’espagnol ces jours-ci, c’est une motivation de plus. Peut-être que l’anthologie bilingue me poussera ensuite vers l’apprentissage de l’allemand. Va savoir!
Quel est ton propre rapport à la création, en tant qu’artiste? Ton travail de traduction influencera-t-il ton style, tes idées?
Quelle est la proportion idéale de temps à consacrer à la création versus la traduction?
Dis-moi tout, meine liebe kollegin,
David
Berlin, le 19 août 2020
Lieber David,
Quelle bonne nouvelle que Premiers soins sortira en espagnol! Grâce au français et quelques cours de langue j’arrive à lire l’espagnol mais le parler est autre chose. Ce serait génial si tu pouvais venir en Allemagne afin de faire découvrir tes livres au public germanophone et lire des passages en allemand. Est-ce que tu apprends facilement d’autres langues?
« Traduire, c‘est trahir », oui, je l’ai déjà entendu, « traduire n’est pas possible » aussi ici et là. Je n’étais jamais d’accord. Je suis d’avis qu’il faut seulement la bonne personne pour chaque livre à traduire. Traduire commence par une lecture attentive, suivi par l’analyse minutieuse du texte : qu’est-ce qu’il veut, qu’est-ce qu’il fait et de quelle façon. Je m’approche du texte pour ensuite pouvoir m’en éloigner, car il faut aussi prendre des libertés quand la langue et la culture le demandent. – Je n’ajouterais pas de dragon, ce serait plutôt un extraterrestre et quelques chapitres qui jouent dans l’espace 🙂 . – Quand il y a des incertitudes ou des doutes, la meilleure chose est toujours de chercher l’échange avec l’auteur, comme je pense Juliet Sutcliffe l’a fait, et moi aussi. Je suis très reconnaissante que tu sois ouvert à l’échange. Ensemble on travaille pour que traduire ne soit pas trahir.
Est-ce que tu as déjà eu l’occasion de rencontrer ton public anglophone? Est-ce qu’il t’a posé les mêmes questions, t’a donné les mêmes commentaires que le public québécois? Et comment ont réagi les Européens à La Bête?
Je pense que j’ai toujours été quelqu’un de créatif; c’est quelque chose que je tiens de ma mère. J’ai essayé différentes formes artistiques, souvent, je me suis penchée vers l’écriture. À partir d’une pensée ou d’un sentiment j’ai écrit des poèmes et des courts textes. Ensuite, je les ai mis dans une boîte que j’ai encore. D’autres bribes de textes se trouvent dans des dossiers sur mon ordi. Ils datent de mon temps à Montréal. Découvrir la vie vibrante montréalaise m’a fait ressortir crayons et feuilles après des années sans avoir écrit car j’avais l’impression d’être trop influencée par ce que je lisais. Hier soir, j’ai rouvert ma boîte et je m’y suis perdue; je ne me sens pas encore prête à les partager et je consacre plus du temps à traduire qu’à écrire.
Je sais que tout ce que tu fais part de l’écriture, moi, pour l’instant, c’est la lecture qui est à la base de tout ce que je fais. Et si on parle de lecture, je suis curieuse de savoir ce que tu es en train de lire? Est-ce que la lecture a un impact sur ton processus créatif?
Au plaisir de te lire bientôt,
Jennifer
Sherbrooke, le 22 août 2020
Salut Jennifer,
Je rebondis d’emblée sur tes dernières lignes, cette idée du temps de lecture que l’on ne consacre pas à l’écriture. Pour moi, la littérature se compose des deux temps d’une même respiration, la lecture et l’écriture vont de pair. Je crois même que pour écrire un peu, il faut lire beaucoup. Le temps que tu consacres à la lecture nourrit peut-être déjà tes prochains écrits.
J’assume complètement l’influence des livres lus sur mes propres projets. Certaines filiations sont évidentes, voire soulignées dans certains passages de mes romans, d’autres y sont en filigrane, échappant probablement à ma propre conscience. Le style pur, le génie sans attache, ça n’existe pas. Déjà, la langue maternelle forge notre pensée, et toutes celles que l’on apprend en cours de route (j’apprends lentement les nouvelles langues, mais je tiens à devenir polyglotte alors je m’acharne). Aussi, ce que l’on nous dit d’aimer, ce que l’on aime vraiment et ce que l’on déteste tout autant, ça s’imprègne en nous et transparaît dans nos livres.
À ce jour, mes romans ont tous reçu un bon accueil critique au Canada et en Europe, mais ils peinent à rencontrer leur lectorat. Les éditeurs y croient et me publient toujours. Les rétroactions ressemblent à celles reçues au Québec à ceci près que les Français et les Belges sont davantage impressionnés par la liberté de ton. Plusieurs m’ont dit que ce n’était plus possible chez eux, et que c’était salvateur de voir un auteur s’en permettre autant.
Conserve ta boîte précieusement, je suis convaincu qu’il y a du bon, du très bon là-dedans. Peut-être l’incipit de ton premier recueil, ou l’intrigue d’un roman. Si tu veux un premier lecteur bienveillant, n’hésite pas à m’en traduire des extraits; si mes commentaires ne te conviennent pas, tu pourras blâmer la traductrice! En attendant, je retourne à Yukio Mishima et sa non-fiction intransigeante. Il me fait penser à Carrère par moment. Je me mettrai peut-être au récit aussi, un jour, question de terroriser mes proches.
À bientôt l’amie, gute nacht!
David
Berlin, le 23 août 2020
Guten Morgen David,
Déjà la troisième et dernière lettre que je t‘écris. J’adore notre échange qui m’a fait réaliser à quel point cet art de correspondre me plaît à plusieurs niveaux. Je ne sais pas comment c’est pour toi mais j’ai vraiment pris du temps pour écrire les lettres ; de chacune existent plusieurs versions. C’est un bel exercice d’organiser ses réflexions et aussi un bel exercice de réécriture. J’ai relu mes lettres plusieurs fois avant de les laisser partir (en espérant qu’elles ne comportent pas trop de coquilles).
J’aimerais qu’on parle encore d’un aspect qui préoccupe beaucoup notre milieu professionnel ces jours-ci : l’argent. Est-ce que tu as ressenti une incertitude financière dans les derniers mois suite à l’arrêt de tout un secteur du milieu culturel? Du jour au lendemain, il n’y avait plus d’événements possibles, et l’avenir de ce secteur événementiel reste toujours incertain.
D’autre part, pas tous les événements étaient annulés ou reportés. Il y avait quelques-uns qui étaient transférés tout de go sur internet. Ceci m’a permis de suivre certaines discussions avec des auteurs québécois auxquelles je n’aurais pas pu avoir accès normalement à cause de la distance géographique, en direct sur mon écran. La Librairie du Québec à Paris par exemple avait organisé des rencontres virtuelles avec les nommés du Prix littéraire France-Québec. Tu y es aussi en nomination avec ton dernier roman Ta mort à moi. Comment tu te prépares à ces nouveaux formats d’échanges ? Penses-tu que ce sera notre avenir?
Lors d’un autre événement avec toi que j’ai vu passer sur Internet, tu as partagé la nouvelle que La Bête sera porté à l’écran. Peux-tu m’en dire plus?
J’arrive à la fin, mais qui sait si notre échange épistolaire ne trouvera pas de suite maintenant que je sais à qui je peux envoyer mes écrits pour être lue pour une première fois.
Je te remercie pour cet échange & sende dir die besten Grüße aus Deutschland,
Jennifer
Sherbrooke, le 24 août 2020
Très chère Jennifer,
Le plaisir de l’échange est partagé; merci au FIL pour l’élan, il ne tient qu’à nous de poursuivre sur notre lancée. D’emblée, je te rassure, tu maîtrises bien le français, ce qui consolide ma confiance en toi pour la traduction de mes livres. Bénéfice secondaire non-négligeable de nos échanges.
Tu abordes un sujet délicat; l’argent, en littérature, c’est un peu tabou. Écrire un « livre populaire », c’est dangereux pour la crédibilité de l’auteur. Magnifique paradoxe, d’ailleurs: ce sont les gros vendeurs qui permettent aux distributeurs, aux éditeurs et aux libraires de survivre, mais leur contribution à l’industrie est rarement célébrée. Évidemment, la qualité d’un livre a peu à voir avec la quantité de copies vendues, mais l’une n’exclue pas l’autre, il faut parfois le rappeler. Mon lectorat est fidèle, je n’ai pas trop souffert de la crise sanitaire pour l’instant. Plusieurs conférences et spectacles sont annulés, mais ça me laisse du temps pour écrire. Je ne suis pas à plaindre, mais la scène me manque.
On demande aux artistes de se réinventer, de rejoindre le public autrement. Je n’y crois pas. On rassemble les gens et on offre un contact direct depuis quelques millénaires déjà, on pourra difficilement trouver un équivalent par écrans interposés. Pour ce qui est des réunions, ça m’est plus pénible encore. Outre le bordel de réorganisation avec les enfants, le principal impact de la crise pour moi, c’est ce manque de contacts directs avec les gens, cette distance, cette peur diffuse qui se dresse entre nous. Je dois prendre mon mal en patience, on ne s’en sortira pas de sitôt.
Écrivons-nous encore, oui. Je trouverai le temps de te répondre, entre deux projets. Je veux être consultant seulement, pour la série télé (quel interminable processus), mon album est presque prêt (pas de tournée, il vivra de lui-même) et je veux prendre davantage de temps entre la publication des prochains romans et recueils. Qui sait, nous sommes peut-être à l’orée d’une grande correspondance transatlantique.
Bis bald, meine liebe,
David
Hallo David,
ich freue mich sehr, dass wir im Rahmen von « Regards croisés » des FIL 2020 einander Briefe über den Altantik schicken. Aber wie nur damit beginnen? Ich habe die Worte deines Protagonisten Jean-Paul im Ohr, der sagt « […], man muss es ohne Zögern tun, einfach drauf los. » Also leg ich einfach mal los.
Wir haben uns als Leserin und Autor kennengelernt. Erinnerst du dich an unser Interview in Montréal am Saint-Jean? Ich war an dem Tag ziemlich nervös.
Damals hätte ich nie gedacht, dass wir in Kontakt bleiben und noch weniger, dass ich eines Tages einen deiner Texte übersetzen würde. Aber als jemand, der schon immer gern gelesen hat, und die Québecer Literatur insbesondere seit 2010, hatte ich La Bête à sa mère und seine Fortsetzungen verschlungen. Die Geschichte, ja, und auch die polarisierende Hauptfigur, na klar, haben mich gekriegt, aber beeindruckt hat mich vor allem die Sprache. Sie ist sehr rhythmisch und vielschichtig. Ich mochte die Art und Weise, wie die Dinge rübergebracht und Redewendungen genutzt wurden, die anders enden, als man sie kennt. Hast du eigentlich eine Liste mit ihnen? Ich notiere seit Jahren Québecer Ausdrücke und deren deutsche Übersetzung, Redewendungen und Zitate in Heften. Sie sind mir heute beim Übersetzen eine große Hilfe. Wusstest du, dass ich dank La Bête à sa mère mit dem Übersetzen angefangen habe? Ich war von dem Roman so beeindruckt, dass ich den Leuten um mich herum davon erzählte, in der Hoffnung, er würde bald übersetzt. Eines Tages war meine Neugier so groß und der Geduldsfaden so straff gespannt, dass ich ein leeres Dokument auf meinem Laptop öffnete, das Buch daneben legte und anfing zu übersetzten. Meine einzige Erfahrung mit dem Übersetzen beruhte zu dem Zeitpunkt auf ein paar Kursen an der Uni, ein Jahr in Québec, wo ich die Notizhefte mit Worten füllte und ein paar zweisprachige literarische Abende, die ich moderiert habe. Erinnerst du dich an dein erstes Buchprojekt?
Die ersten Sätze deines Romans zu übersetzen hat Spaß gemacht und mir wurde schnell klar, dass ich das weiterverfolgen wollte. Und nun erscheint eine zweisprachige Anthologie mit deiner Kurzgeschichte « Bien parti pour mal finir », die ich übersetzt habe. Was für eine spannende Entwicklung.
Ich hoffe der Brief erreicht dich gesund und munter in Sherbrooke.
Grüße aus dem heißen Berlin 🙂
Jennifer
Wir unterbrechen an dieser Stelle kurz, um zwei Bände zu empfehlen, in denen die genannte Kurzgeschichte « Bien parti pour mal finir » enthalten ist:
Ponts, ein Sammelband herausgegeben von Chrystine Brouillet und erschienen bei Druide
Pareil, mais différents – Genauso, nur anders, eine zweisprachige Anthologie mit Kurzgeschichten von frankokanadischen und Québecer Autor·innen erschienen bei dtv
Sherbrooke, 18. August 2020
Liebe Jennifer,
schön von dir zu lesen, dir wieder zu begegnen; zwischen den Zeilen erkenne ich deine Stimme, dein neckisches Lachen.
Natürlich erinnere ich mich an unser erstes Treffen Rue Ontario Ecke St-Denis kurz vor meinem Auftritt mit Sans Pression und meinem Kumpel Manu Militari. Ein interessanter Schlenker zu einem Rap-Konzert in diesem Austausch über literarisches Schreiben. Dass unser erstes Gespräch am Abend des Nationalfeiertags stattfand, war ein guter Start für alles Weitere.
Allerdings wusste ich nicht, dass mein erster Roman Auslöser dafür war, dass du dich dem Übersetzen zugewandt hast. Das ehrt mich. Auch wenn viele sich einig sind, dass « Übersetzer Verräter » sind, weiß ich, dass meine Figuren bei dir in guten Händen sind. Ich muss dir vertrauen, da meine Deutschkenntnisse rudimentär sind. Du könntest einen Drachen hinzufügen und ein paar Kapitel streichen, ohne dass ich was merke. Mach das bloß nicht!
Die englische Übersetzung bei Bookhug hat mir gefallen, auch wenn der Roman an Dichte verliert; anders als im Französischen kommen dieselben Gedanken auf Englisch mit weniger Worten aus. Juliet Sutcliffe hat sehr gut übersetzt, hat mit mir an einigen Stellen Rücksprache gehalten, hat, wenn nötig, geeignete Ersatzreferenzen aufgespürt. Sie hat so fein gearbeitet, dass mein Vater nach der Lektüre von Mama‘s boy gesagt hat: „Es ist wie beim Rock‘n‘Roll, im Englischen klingt es einfach besser!“ Ich bin natürlich nicht seiner Meinung.
Man wollte den Roman sogar ins Französische von Frankreich übersetzen, wo er bei den Verlagen Philippe Rey und 10-18 erschienen ist. Ich habe das abgelehnt, denn Québecfranzösisch ist kein exotischer Dialekt und die Europäer können sich mit ein wenig Wohlwollen hineinfinden. Ich habe dennoch einem Glossar von ein paar Seiten zugestimmt.
Ich erinnere mich noch an mein erstes Buchprojekt, Premiers soins, ein Gedichtband. Als ich das Buch in den Händen hielt, es fühlte und meine Verse darin las, war das ein bedeutender Moment für mich, ein Moment der Bestätigung; Schreiben ist das, was mich antreibt. Dieses Buch wird jetzt in Mexiko übersetzt. Ich lerne gerade Spanisch und das gibt noch mal einen Motivationsschub. Vielleicht bringt mich die zweisprachige Anthologie dazu, Deutsch zu lernen. Wer weiß.
Wie ist deine Beziehung zum künstlerischen Schaffen? Beeinflusst das Übersetzen deinen Stil, deine Gedanken?
Wie viel Zeit widmest du dem Schreiben und wieviel dem Übersetzen?
Erzähl mir alles, chère collègue,
David
Berlin, 19. August 2020
Lieber David,
wie toll, dass Premiers soins bald auf Spanisch erscheint! Dank meiner Französischkenntnisse und ein paar Sprachkursen kann ich auf Spanisch lesen, es aber weniger gut sprechen. Es wäre großartig, wenn du deine Bücher dem deutschprachigen Lesepublikum persönlich vorstellen und auch Auszüge auf Deutsch vorlesen könntest. Fällt es dir leicht, Sprachen zu lernen?
« Übersetzer = Verräter » (« traduttore-traditore ») habe ich schon gehört, auch, dass « übersetzen nicht möglich ist ». Ich bin damit nicht einverstanden. Ich bin der Meinung, dass es für eine gute Übersetzung einfach die passende Person braucht. Übersetzen beginnt mit einer aufmerksamen Lektüre, auf die eine genaue Textnalyse folgt: Was will der Text? Was macht er, und wie macht er es? Ich nähere mich dem Text ganz nah, um mich dann von ihm zu lösen, denn man muss auch frei sein können, wann immer die Zielsprache und Kultur es fordern. – Ich werde keinen Drachen hinzufügen, wenn, dann wären es ein Alien und ein paar Kapitel, die im All spielen 🙂 . – Bei Unklarheiten und Zweifeln ist es immer das Beste, den Autor zu kontaktieren, wie Juliet Sutcliffe es gemacht hat, und ich auch. Ich bin dir sehr dankbar, dass du offen für einen Austausch bist. Gemeinsam sorgen wir dafür, dass übersetzen ≠ verraten ist.
Hattest du schon Gelegenheit, deine englischsprachige Leserschaft zu treffen? Gab es ähnliche Fragen und Kommentare wie in Québec? Und wie haben die Europäer auf La Bête reagiert?
Ich war schon immer kreativ, was ich wohl von meiner Mutter habe. Ich habe verschiedene künstlerische Ausdrucksformen ausprobiert, meistens griff ich zu Stift und Papier. Ausgehend von einem Gedanken oder einem Gefühl schrieb ich Gedichte und kurze Texte. Ich habe sie in einer Box gesammelt, die ich immer noch habe. Später hielt ich Gedanken als Text auf meinem PC fest, vor allem während ich in Montréal lebte. Das pulsierende Leben der Stadt hat mich nach langer Zeit ohne zu schreiben, weil ich dachte, ich wäre zu stark beeinflusst von dem, was ich las, wieder inspiriert. Gestern Abend habe ich die Box mal wieder geöffnet; ich bin noch nicht bereit, die Texte zu teilen und widme mich gerade eher dem Übersetzen, weniger dem Schreiben.
Ich weiß, dass das Schreiben im Zentrum von allem steht, was du machst, für mich ist es momentan das Lesen. Wo wir gerade dabei sind: Was liest du gerade? Beeinflusst das Lesen dein Schreiben?
Ich freue mich auf deinen nächsten Brief,
Jennifer
Sherbrooke, 22. August 2020
Hallo Jennifer,
ich knüpfe gleich an deine letzte Zeilen über die Zeit an, die man mit lesen verbringt, anstelle zu schreiben. Für mich besteht Literatur wie das Atmen aus zwei Teilen: Lesen und Schreiben. Ich würde sogar sagen, dass man viel gelesen haben muss, um auch nur ein paar Zeilen zu schreiben. Die Zeit, die du mit lesen verbringst, nährt vielleicht schon die Texte, die du schreiben wirst.
Das Lesen von Büchern beeinflusst mich auf jeden Fall. Einige Einflüsse sind deutlich erkennbar, stellenweise in meinen Romanen klar gekennzeichnet, andere sind feiner, vielleicht sogar unbewusst eingeflossen. Es gibt keinen Stil, der rein ist, kein Genie, das gänzlich frei von Einflüssen ist. Schon die Muttersprache formt unser Denken und auch die Sprachen, die wir später erlernen (ich lerne langsam, es ist mir aber wichtig, mehrere Sprachen sprechen zu können, also lasse ich nicht locker). Auch was uns gesagt wird, zu mögen, was wir wirklich mögen und auch was wir hassen, schreibt sich in uns ein und macht sich in unseren Büchern bemerkbar.
Bis jetzt haben meine Romane in Kanada und Europa gute Kritiken bekommen, werden dort aber noch wenig gelesen. Die Verlage glauben an sie und veröffentlichen sie weiter. Die Rückmeldungen ähneln denen in Québec, die Franzosen und Belgier sind beeindruckt, dass ich mir so viele Freiheiten im Ton nehme. Viele haben mir gesagt, dass das bei ihnen so nicht möglich wäre und es ihnen guttut, dass ein Autor sich so viel erlaubt.
Bewahre deine Box gut. Sie enthält bestimmt etwas Gutes, sehr Gutes sogar. Vielleicht das Incipit deines ersten Bandes oder den Handlungsstrang für einen Roman. Wenn du einen geneigten Erstleser suchst, übersetze gern ein paar Passagen für mich; wenn dir meine Anmerkungen dann nicht passen, kannst du dich ja bei der Übersetzerin beschweren. Bis dahin wende ich mich wieder Yukio Mishima und seinem kompromisslosen Sachbuch zu. Hier und da erinnert er mich an Carrère. Vielleicht schreibe ich, wenn ich mal meine Liebsten ärgern will, auch ein récit.
Bis bald meine Freundin, bonne nuit!
David
Berlin, 23. August 2020
Bon matin David,
schon der dritte und letzte Brief, den ich dir schreibe. Unser Briefwechsel zeigt mir, wie sehr ich diese Art des Austauschs mag. Ich weiß nicht, wie das bei dir ist, aber ich habe mir für jeden Brief Zeit genommen. Von jedem gibt es mehrere Fassungen. Es ist eine gute Übung, um seine Gedanken zu sortieren und auch eine gute Übung für das Überarbeiten von Texten. Ich habe die Briefe mehrmals gelesen, bevor ich auf senden geklickt habe (in der Hoffnung, dass sie nicht allzu viele Fehler enthalten).
Ich möchte noch auf ein Thema zu sprechen kommen, dass in diesen Tagen unsere Branche sehr beschäftigt: Geld. Hast du in den letzten Monaten, in denen die Kulturszene zum Erliegen kam, eine finanzielle Unsicherheit gespürt? Von heute auf morgen gab es keine Veranstaltungen mehr und die Zukunft für den Veranstaltungsbereich ist und bleibt ungewiss.
Andererseits wurden nicht alle Veranstaltungen abgesagt oder verschoben. Es gab einige, die kurzerhand ins Netz verlegt wurden. Auf diese Weise konnte ich direkt auf meinem Laptop Gespräche mit Autor·innen aus Québec verfolgen, was sonst aufgrund der geographischen Distanz nicht möglich gewesen wäre. Die Librairie du Québec in Paris hat zum Beispiel die Nominierten des Prix littéraire France-Québec zu virtuellen Gesprächen gebeten. Du bist mit deinem Roman Ta mort à moi nominiert. Wie bereitest du dich auf solch neue Gesprächsformate vor? Denkst du, dass so unsere Zukunft aussieht?
In einem weiteren Videogespräch mit dir, über dass ich zufällig online gestolpert bin, hast du enthüllt, dass La Bête verfilmt wird. Kannst du mehr darüber sagen?
Ich bin am Ende angelangt. Aber wer weiß, ob unser Briefwechsel nicht seine Fortsetzung findet, jetzt, wo ich weiß, wem ich meine Texte für eine Erstlektüre schicken kann.
Ich danke dir für den Austausch & je t‘envoie mes meilleures salutations de l‘Allemagne,
Jennifer
Sherbrooke, 24. August 2020
Meine liebe Jennifer,
die Freude ist ganz meinerseits; Dank ans FIL für den Anstoß! Jetzt ist es an uns, ob wir den Austausch fortsetzen. Ich möchte dich gleich mal beruhigen, dein Französisch ist gut, was mein Vertrauen in dich als Übersetzerin festigt. Sicherlich ein nicht unbedeutender Nebeneffekt unseres Austauschs.
Du sprichst ein heikles Thema an. Über Geld zu sprechen ist in der Literaturszene eher tabu. Ein populäres Buch zu schreiben ist für die Glaubwürdigkeit eines Autors gefährlich. Übrigens ein herrliches Paradox: Die Kassenschlager sorgen fürs Überleben von Vertrieb, Verlagen und dem Buchhandel, ihr Beitrag in der Branche wird aber kaum gewürdigt. Die Verkaufszahlen sagen natürlich wenig über die Qualität eines Buchs aus, aber das eine schließt das andere nicht aus, woran man zwischendurch immer wieder erinnern muss. Meine Leserschaft ist mir treu, sodass mich die Pandemie bis jetzt kaum getroffen hat. Mehrere Vorträge und Auftritte wurden abgesagt, wodurch ich mehr Zeit zum Schreiben habe. Es geht mir nicht schlecht, aber die Bühne fehlt mir.
Die Künstler sollen sich neu erfinden, ihr Publikum anders erreichen. Daran glaube ich nicht. Seit über Tausend Jahren bringen wir die Menschen zusammen, sind direkt ansprechbar. Es wird uns kaum gelingen, das auf den Bildschirm zu übertragen. Noch schwieriger wird’s mit den Treffen. Die Menschen nicht mehr persönlich zu treffen, die Distanz zwischen und diese diffuse Angst unter uns macht mich neben dem chaotischen Geplane mit den Kids am meisten betroffen. Ich muss mich wohl in Geduld üben, denn so schnell werden wir das nicht hinter uns lassen können.
Lass uns einander weiterhin schreiben. Ich finde zwischen meinen Projekten schon Zeit, um dir zu antworten. Für die TV-Serie (was für ein unendlich langer Prozess) möchte ich nur als Ratgeber fungieren, mein Album ist fast fertig (ohne Auftritte wird es von allein existieren müssen) und zwischen den kommenden Büchern und Bänden möchte ich mir mehr Zeit lassen. Vielleicht ist das der Beginn einer großen transatlantischen Korrespondenz, wer weiß.
Bis bald meine Liebe,
David